Guerre en Ukraine : les Munitions occidentales Inondent enfin l’Ukraine, mais le Défi Reste Immense
- James Keou: 🔷 Directeur de Publication
- 28 juin 2024
- 3 min de lecture

Les Munitions Occidentales: Une Bouffée d'Air pour l'Ukraine
Après des mois de pénurie critique, les livraisons de munitions occidentales affluent enfin sur le front ukrainien. Les forces armées ukrainiennes, notamment dans la région de Donetsk, confirment une nette amélioration de l'approvisionnement. "Depuis environ un mois, la situation s'est améliorée, surtout pour les obus d'artillerie de 155 millimètres", révèle un sergent ukrainien surnommé Lountik. Là où, au premier trimestre, les munitions étaient strictement rationnées à six obus par canon par jour, elles atteignent maintenant jusqu'à quarante par jour. Dans des zones cruciales comme Kharkiv, où une offensive russe a échoué en mai, il n’y a désormais plus de limites de tir.
Une Production Européenne en Pleine Expansion
La dépendance de l'Ukraine à l'égard de l'aide occidentale a été exacerbée par les retards de livraison depuis fin 2023. Cependant, le Fonds européen de la défense, doté de 7,9 milliards d'euros pour 2021-2027, a dynamisé la production d'armements. En mars 2023, l'Europe produisait déjà 500 000 obus par an, surpassant les 300 000 américains. Cette capacité a doublé, atteignant un million d'obus par an début 2024. Selon le commissaire européen Thierry Breton, l'Europe atteindra 1,7 million d'obus par an d'ici fin 2024 et 2,5 millions en 2025, rivalisant ainsi avec la Russie.
L'Initiative Tchèque: Une Stratégie Ingénieuse
Malgré cette montée en puissance, l'urgence des besoins ukrainiens a poussé la République tchèque à acheter des munitions hors d'Europe. En février, le président tchèque Petr Pavel annonçait que Prague avait identifié 500 000 obus de 155 mm et 300 000 de 122 mm prêts à être livrés si les financements étaient réunis. Dix-huit pays, dont la Belgique, la Finlande et la Norvège, ont rejoint cette initiative. Face à l'incapacité des pays de l'UE à livrer un million d'obus promis pour fin mars, la République tchèque s'est tournée vers les marchés de pays tiers. Cette initiative, soutenue par la France, a déjà commencé à porter ses fruits avec la première cargaison arrivée en Ukraine en juin.
Le Soutien Américain: Une Aide Cruciale mais Tardive
Le Congrès américain a voté fin avril une enveloppe de 61 milliards de dollars pour l'Ukraine, mais la livraison sur le terrain reste un processus long. En conséquence, l'écart entre les tirs ukrainiens et russes s'est considérablement réduit grâce à ces nouvelles fournitures. "Le ratio d'utilisation de munitions est maintenant de 1 à 3 pour l'Ukraine et la Russie, contre 1 à 7 auparavant", explique le sergent Lountik, indiquant une augmentation des approvisionnements pour Kiev et une diminution pour Moscou.
Un Besoin Constamment Croissant
Cependant, malgré cette amélioration, le besoin de munitions reste colossal. Un militaire ukrainien précise qu'il faudra encore plus de ressources pour une guerre de cette intensité. "L'ennemi conserve toujours un avantage en termes d'effectifs et de systèmes d'artillerie", admet un sergent d'une troisième brigade. Thomas Kopecny, envoyé du gouvernement tchèque pour la reconstruction de l'Ukraine, affirme que Kiev a besoin de 200 000 obus par mois pendant deux ans juste pour équilibrer les forces avec la Russie. En dépit des efforts européens, les pays ne peuvent satisfaire pleinement les demandes ukrainiennes, leur production étant largement insuffisante face à une guerre de haute intensité.

La France en Retard mais en Progression
La France, par exemple, espère produire 4 000 à 5 000 obus par mois d'ici fin 2024, contre 2 000 au début de la guerre. Cependant, une partie de cette production est réservée à ses propres forces. "Nous devons garder des capacités pour nous défendre nous-mêmes", avait prévenu Emmanuel Macron en mars.
Un Chemin Semé d'Embûches mais Porté par l'Espoir
L'augmentation des livraisons de munitions en Ukraine marque une avancée significative dans la lutte contre l'invasion russe. Toutefois, le défi reste immense, avec des besoins toujours croissants et une dépendance à l'égard des aides internationales. L'Europe et les États-Unis, malgré leurs efforts considérables, doivent encore surmonter de nombreux obstacles pour répondre pleinement aux besoins pressants de l'Ukraine. L'initiative tchèque et la montée en puissance de la production européenne sont des lueurs d'espoir dans une guerre où chaque obus compte.