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Photo du rédacteurMANAA Norredine 🔶 Journaliste

Julian Assange fondateur de wikileaks est libéré de prison, après un accord avec la justice américaine

Dernière mise à jour : 25 juin


Julian Assange était à l'aéroport de Stansted à Londres après avoir été libéré le 24 juin 2024.

La fin du calvaire

Il encourait une peine de 175 ans de prison. Traqué par la justice américaine pour avoir divulgué, dès 2010, des centaines de milliers de documents secrets relatifs aux opérations militaires et diplomatiques des États-Unis, Julian Assange pourra finalement rentrer chez lui

Julian Assange, le fondateur de WikiLeaks, a trouvé un terrain d'entente avec le gouvernement américain. Il a accepté de plaider coupable pour une accusation majeure liée à son rôle présumé dans l'une des plus vastes fuites de documents confidentiels de l'histoire des États-Unis.

Julian Assange depuis l'ambassade d'Equateur à Londres

L'une des figures les plus controversées de ce siècle, Julian Assange, se trouve à un tournant décisif de son histoire. Après une décennie marquée par les révélations explosives de WikiLeaks, les poursuites judiciaires, et une longue période d'asile politique, la libération de Julian Assange est aujourd'hui sur toutes les lèvres.

Détenu depuis 2019 dans une prison de haute sécurité à Londres, Julian Assange, le fondateur de WikiLeaks, a conclu un accord avec le gouvernement américain. Il accepte de plaider coupable à une accusation majeure liée à son rôle présumé dans l'une des plus importantes fuites de documents classifiés de l'histoire des États-Unis, mettant ainsi fin à une saga internationale de plusieurs années.

Poursuivi par les autorités américaines pour avoir divulgué des centaines de milliers de documents confidentiels, l'Australien lanceur d'alerte doit comparaître devant un tribunal fédéral des îles Mariannes, un territoire américain dans l'océan Pacifique près de l'île de Guam. Parmi les documents divulgués figure une vidéo de 2007 montrant des civils, dont deux journalistes de Reuters, tués par des tirs d'hélicoptère de combat américain en Irak. Assange devrait plaider coupable de « complot pour obtenir et divulguer des informations relevant de la défense nationale ».


Un retour Libre en Australie

Le calvaire de Julian Assange "touche enfin à sa fin", a déclaré sa mère, Christine Assange, dans un communiqué mardi 25 juin. Elle a souligné "l'importance et le pouvoir de la diplomatie discrète" qui a conduit à la libération du fondateur de WikiLeaks, jusque-là détenu dans la prison de haute sécurité de Belmarsh, à l'est de Londres, et décrit par ses proches comme très affaibli physiquement.

En échange de cet accord avec le ministère de la Justice américain, Assange ne sera pas extradé vers les États-Unis, et les procureurs ne demanderont qu'une peine de 62 mois, correspondant au temps déjà passé en détention à la prison de Belmarsh en Angleterre. Il devrait ainsi être libéré et retourner en Australie, son pays natal, après l'audience prévue cette semaine. Que signifie vraiment cette libération pour le monde entier ?


Un héros ou un criminel ?

Julian Assange, né en 1971 à Townsville en Australie, est élevé dans une famille bohème. Sa mère Christine, une artiste, se remarie avec un directeur de théâtre ambulant, puis avec un musicien violent. Julian et sa mère fuient régulièrement, le jeune garçon fréquentant plus de trente écoles. Passionné d'informatique, il devient hacker à 16 ans sous le pseudonyme Mendax. Membre du trio de hackers "International Subversives", infiltre des ordinateurs du monde entier, y compris ceux de la Nasa et du Pentagone, sans causer de dégâts ni exploiter les informations obtenues. En 1991, après avoir ciblé la compagnie Nortel, Assange et ses camarades sont arrêtés. Il reçoit une amende de 2 300 dollars, mais cette expérience le rend paranoïaque et craintif d'une nouvelle arrestation. Sur le plan privé Julian Assange rencontre des problèmes conjugaux lorsque sa femme s'enfuit avec leur jeune fils, Daniel.

De son enfance nomade à son arrestation spectaculaire par la police britannique en avril 2019, en passant par son long séjour à l'ambassade d'Équateur, tous les éléments d'un scénario improbable sont présents. Cette vie tumultueuse a fait de ce fervent défenseur de la liberté d'informer autant d'amis que d'ennemis.

Le fondateur de WikiLeaks, est souvent décrit en termes opposés : pour certains, c'est un héros de la transparence et de la liberté d'information, pour d'autres, un criminel qui a mis en danger des vies par ses divulgations. Depuis la création de WikiLeaks en 2006, Assange et son organisation ont publié des millions de documents secrets, révélant des scandales politiques, des abus militaires et des malversations diplomatiques à une échelle sans précédent. Ces publications ont radicalement changé la manière dont nous percevons les gouvernements et les puissants.

Avant la fondation de WikiLeaks, Julian Assange se penche sur le conspirationnisme, sujet qu'il explore dans deux essais en 2006 : "State and Terrorist Conspiracies" et "Conspiracy as Governance". Il analyse comment les gens peuvent être manipulés et propose Internet comme outil pour lutter contre les conspirations des élites.

En 2010, WikiLeaks publia une série de documents militaires américains classifiés, parmi lesquels les célèbres "Collateral Murder" et "Afghan War Diary". Ces révélations ont provoqué un tollé international, mettant les gouvernements et les médias en ébullition. C'est à ce moment que les problèmes d'Assange avec la justice

Stella Morris son épouse

commencèrent véritablement. En Suède, il fut accusé de délits sexuels, ce qui conduisit à un mandat d'arrêt européen. Bien que les accusations suédoises aient été plus tard abandonnées, elles marquèrent le début d'une longue bataille juridique pour Assange. En 2011, il rencontre Stella Morris, avocate engagée dans son équipe juridique contre son extradition. Plus tard, elle devient sa compagne et donne naissance à deux fils, alors que leur père mène une vie cloîtrée.


L'asile à l'ambassade d'Équateur

Le fondateur de WikiLeaks passe sept années en reclus à l'intérieur de l'ambassade d'Equateur demandant et obtenant l'asile politique pour échapper à une extradition vers la Suède et potentiellement vers les États-Unis. Il vit dans une petite pièce de 18 mètres carrés avec un lit, une douche, un ordinateur et un micro-ondes, coupé du monde extérieur. Malgré cela, il reçoit la visite de nombreux admirateurs, parmi lesquels le footballeur Éric Cantona, le politicien pro-Brexit Nigel Farage, la chanteuse Lady Gaga et l'actrice Pamela Anderson, cette dernière lui apportant des sandwiches vegan.

J.Assange interview Hassan Nasrallah pour la chaine Russia Today

Ce séjour, bien que volontaire, fut marqué par la détérioration de sa santé physique et mentale, ainsi que par une tension croissante avec ses hôtes équatoriens. Les actions de WikiLeaks ont divisé l'opinion publique. Qualifié tantôt d'icône pour certains, tantôt de "terroriste high-tech" pour d'autres, Assange a été critiqué pour la mise en danger de sources par la publication de documents non expurgés du département d'État américain en 2011. Malgré cela, il garde le soutien d'un cercle restreint incluant des personnalités ainsi que quelques politiques français tels que Jean-Luc Mélenchon, François Asselineau et Florian Philippot, qui ont demandé la

protection de la France lors de son arrestation

En avril 2019, après un changement de gouvernement en Équateur, l'asile d'Assange fut révoqué. Les images de son arrestation par la police britannique à l'intérieur de l'ambassade firent le tour du monde. Assange, hirsute et affaibli, fut traîné hors du bâtiment et immédiatement placé en détention. Les États-Unis, ayant déjà formulé des charges de conspiration pour piratage informatique, demandèrent son extradition. Cette demande ouvrit un nouveau chapitre dans la saga juridique d'Assange.

Les avocats d'Assange ont soutenu que son extradition vers les États-Unis mettrait sa vie en danger et constituerait une attaque contre le journalisme d'investigation. D'autre part, les procureurs américains ont argué que les actions d'Assange avaient compromis la sécurité nationale et mis des

La plateforme Wikileaks

vies en danger.

Au fil des années, le soutien pour Assange n'a cessé de croître. Des organisations de défense des droits de l'homme, des journalistes, des personnalités, des citoyens du monde entier ont manifesté pour sa libération. Le débat sur la liberté de la presse, la transparence gouvernementale et les droits de l'homme a prit part dans le monde entier, en pointant l'hypocrisie des Etats-Unis sur la liberté d'expression. Pour beaucoup Julian Assange est un homme contre le système, qui mène un combat acharné pour la vérité dans un monde de plus en plus opaque


Une décision attendue

Avec l'arrivée de Joe Biden à la présidence des États-Unis, beaucoup espéraient un changement de position sur le cas d'Assange. Cependant, l'administration Biden a poursuivi la ligne dure de l'administration précédente, insistant sur le fait que les actions d'Assange allaient au-delà du journalisme et constituaient des crimes graves. Cette position a continué de diviser l'opinion publique, certains voyant en Assange un martyr de la liberté de la presse, d'autres un criminel qui met en danger les intérêts américains et doit rendre des comptes. À la fin de 2022, après que les juges britanniques ont autorisé son extradition vers les États-Unis, les journaux associés à WikiLeaks, autrefois critiques des méthodes de la plateforme, ont appelé à l'abandon des poursuites contre Julian Assange, arguant que "publier n'est pas un délit". Le 20 mai dernier, Assange a obtenu un sursis avec la possibilité d'un nouvel appel, prévu pour être examiné par la justice britannique en juillet. Cet accord final avec la justice américaine marquerait la conclusion de cette saga judiciaire, ouvrant la voie à un retour potentiel d'Assange dans son Australie natale

"WikiLeaks ne s’est jamais considérée comme une organisation qui soutiendrait une idéologie contre une autre, une nation contre d’autres. Au sein de WikiLeaks, nous avons des opinions politiques variées, mais nos ennemis sont, toujours et partout : les ennemis de la vérité." Julian Assange

Le gouvernement australien a manifesté son soulagement. Mardi, le Premier ministre Anthony Albanese a souligné que cette affaire, qui s'est prolongée pendant des années, ne servait à personne en maintenant Assange emprisonné. Cette déclaration met en lumière les efforts de l'Australie pour permettre à Assange de revenir dans son pays natal après une longue période de controverses et de conflits juridiques internationaux. Cette affaire nous interpelle aussi quant au statut que doivent avoir les lanceurs d'alertes.

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