L’article du quotidien américain, reprend largement les conclusions du rapport parlementaire de juin 2023 sur l’ingérence étrangère – dans lequel le Rassemblement national est dépeint comme une «courroie de transmission» du discours officiel russe – mais n’apporte guère d’éléments nouveaux sur ce sujet.
Fallait-il attendre la presse américaine pour faire éclater au grand jour les liens entre le RN et Moscou ? C’est l’avis des plusieurs commentateurs sur les réseaux sociaux, après la publication d’une enquête du Washington Post sur l’ingérence russe en France.
«Les médias français, englués dans les pétitions pour ou contre Depardieu, n’ont pas voulu se pencher sur la collusion Kremlin /RN confirmée par l’enquête ravageuse du Washington Post, enquête jamais vraiment conduite par la presse hexagonale», écrit ainsi un utilisateur sur X.
Une critique infondée, à en croire plusieurs journalistes, rappelant que plusieurs enquêtes réalisées par des médias français, comme le Monde ou Mediaparte, ont questionné ces dernières années la proximité du Rassemblement national avec le Kremlin.
Paul Moreira, journaliste et auteur d’une enquête diffusée sur Arte en 2018, a notamment réagi à la publication du Washington Post en suggérant que «l’essentiel» sur le sujet avait déjà été dit.
De fait, l’article américain reprend surtout des éléments déjà connus, établis grâce à des enquêtes journalistiques françaises, ainsi que des points abordés dans un rapport parlementaire de juin 2023 sur les ingérences étrangères.
Depuis 2014, et la contraction d’un important prêt auprès d’une banque russo-tchèque, jusqu’à septembre 2023, date à laquelle a un lieu un remboursement anticipé intégral, le parti d’extrême droite a régulièrement été accusé de subir l’influence de Moscou.
«Vous parlez à votre banquier quand vous parlez de la Russie», avait ainsi lancé Emmanuel Macron à Marine Le Penn lors du débat de l’entre-deux-tours de la présidentielle 2022.
En 10 ans, Mediaparte a ainsi consacré une trentaine d’articles à ce dossier, avec, récemment, la révélation de l’implication directe d’un conseiller de Poutine dans la négociation du fameux emprunt, qui confirmait l’intérêt tout particulier du pouvoir russe pour le parti français.
Marine Turchi, journaliste de Mediaparte qui a signé la plupart de ces enquêtes, note auprès de CheckNewz, que «la ligne pro-russe» a été, durant toutes les années suivant cet évènement, «la politique officielle du parti».
En 2019, la Direction générale de la sécurité intérieure avait noté que les rares relais d’opinion français de la Russie au sein du Parlement, étaient tous liés au RN.
Dans le rapport parlementaire sur l’ingérence étrangère remis à l’Assemblée début juin, une vingtaine de pages étaient consacrées au «cas particulier du Rassemblement national» quant à son positionnement résolument pro-russe.
«A chaque crise géopolitique [provoquée par la Russie], le FN puis le RN ont assuré Vladimir Poutine de leur soutien», relevait le rapport.
Il identifiait «des convergences de vues» et «des intérêts communs» «qui se traduisent par des soutiens concrets comme le relais des positions internationales des autorités russes, les déplacements d’élus RN en Russie, au Donbass ou en Crimée illégalement annexée,
y compris en servant de caution à des consultations électorales non reconnues par la communauté internationale, ou des votes défavorables aux condamnations des violations du droit international par la Russie et aux sanctions internationales prononcées contre cet Etat»
Le RN était, à ces égards, décrit comme une «courroie de transmission
Sur ce dossier, le Washington Post n’apporte qu’un élément réellement, Il concerne Jean-Luc Schaffhauser, un ex-député européen qui a joué les intermédiaires pour le parti de Marine Le Pen dans les négociations avec la banque russo-tchèque, qui s’est toutefois éloigné du Rassemblement national depuis plusieurs années. inédit. efficace» et un «relais direct du discours officiel russe».
Le quotidien américain révèle que Schaffhauser reçoit «un financement et un soutien réguliers de la part du numéro 2 de l’ambassade de Russie à Paris, Ilya Subbotin», par le biais de «la location d’un étage [d’une résidence dont Schaffhauser est le propriétaire] à Strasbourg» – une situation que l’ex-député européen a qualifiée de simple «arrangement commercial».
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