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Macron et le pape François : entre embrassades jésuites et froids diplomatiques


Le Pape François et Emmanuel Macron
Le Pape François et Emmanuel Macron

Derrière les sourires, une relation complexe. Entre Emmanuel Macron et le pape François, les six rencontres en sept ans, de Rome à Marseille en passant par la Corse, laissaient croire à une amitié solide. Mais sous la surface des accolades et du tutoiement rare dans le protocole, se cache un dialogue tiraillé entre valeurs spirituelles et impératifs politiques.

Une alliance jésuite… en apparence



Tout avait pourtant bien commencé. Éduqués par les jésuites, les deux hommes partageaient une culture intellectuelle exigeante, un goût pour le débat et une certaine vision de l’engagement dans le monde. Lors de leur première rencontre en 2018 à Rome, le président français avait offert au pape une édition italienne du Journal d’un curé de campagne de Bernanos. Un geste symbolique fort. Les appels téléphoniques se sont multipliés, notamment dans les moments de crise – l’incendie de Notre-Dame, la pandémie de Covid, ou les tensions au Liban.

Mais les gestes de connivence n’ont pas suffi à masquer les désaccords de fond.


Immigration, fin de vie, PMA : les lignes de fracture

Le souverain pontife n’a jamais caché ses réserves face à certaines réformes de société menées par Macron. Son soutien à la procréation médicalement assistée pour toutes, sa fermeté sur la politique migratoire ou encore sa volonté de légiférer sur la fin de vie ont nourri un malaise croissant au Vatican.

« L’insistance pour que François vienne à Paris a été mal perçue à Rome », souligne l’historien Martin Dumont. Malgré les sollicitations répétées du président, le pape a décliné l’invitation à la réouverture de Notre-Dame en 2024. Préférant Marseille à la capitale, il a aussi choisi Ajaccio et Bari pour ses déplacements – un message politique à peine voilé.



Entre diplomatie et calculs électoraux

Pour Macron, cette relation avec le pape représentait aussi un levier symbolique sur la scène internationale. Mais à trop vouloir instrumentaliser cette proximité, il a fini par froisser une institution peu encline aux usages politiques. Le refus de François de visiter Paris, doublé de critiques indirectes sur les lois sociétales françaises, a mis en lumière un fossé croissant.

À la mort du pape, le 21 avril 2025, le président a tout de même salué un homme « aux côtés des plus vulnérables », depuis Mayotte, en rappelant les valeurs qui les ont, un temps, réunis.

Une relation « souriante mais distante »

L’histoire entre Macron et le pape François, c’est celle d’un équilibre impossible entre la rigueur de la laïcité républicaine et la puissance symbolique du Vatican. Chaleureuse en apparence, mais fragilisée par les lignes de fracture idéologiques, elle incarne le défi contemporain du dialogue interreligieux dans un monde de plus en plus polarisé.

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