Un double jeu au cœur de Buckingham
Historien de l'art et conservateur des collections royales, Anthony Blunt avait avoué en 1964 être un agent soviétique actif depuis les années 1930. Pourtant, ce n'est qu'en 1973, soit neuf ans après cette confession, que la reine a été informé des actes de trahison de celui qui occupait un rôle prestigieux auprès de la famille royale.
Selon les documents déclassifiés du MI5, cette révélation avait été soigneusement planifiée. Blunt, gravement malade, risquait de voir son passé exposé par les médias à sa mort. C'est dans ce contexte que la décision fut prise de lever le voile sur ce secret explosif. Contre toute attente, Elizabeth II aurait accueilli la nouvelle avec un calme olympien, selon les notes d'époque : « très calmement et sans se montrer surprise. »
Un espion au sommet
Blunt, recruté par les Soviétiques lors de ses études à Cambridge, était un membre clé des « Cambridge 5 », un réseau tristement célèbre d'agents doubles comprenant également Donald Maclean, Guy Burgess et Kim Philby. Pendant des décennies, il avait transmis des informations sensibles aux services de renseignement soviétiques, y compris durant son passage au MI5 pendant la Seconde Guerre mondiale.
Bien que ses activités aient toujours été suspectées dès les années 1950, un manque de preuves solides lui avait permis de conserver son poste auprès de la famille royale jusqu'à son arrestation discrète en 1964. Ce n'est qu'en 1979, sous le gouvernement de Margaret Thatcher, que son rôle fut révélé publiquement, entraînant sa misère et sa disgrâce. Blunt mourut en 1983, déchu de son titre de chevalier.
Une ombre dans l'histoire royale
Les archives révèlent également qu'Elizabeth II « n'appréciait pas du tout Blunt et ne le voyait que rarement », renforçant l'idée que leur relation était plus formelle que véritablement proche. Cette affaire, déjà mise en lumière dans la série à succès The Crown , souligne à quel point durant la Guerre froide les cercles de pouvoir britanniques furent infiltrés par des espions soviétiques.
Un retour dans l'actualité
La publication de ces documents coïncide avec l'annonce d'une exposition intitulée « MI5 : Secrets Officiels », prévue au printemps prochain aux Archives nationales à Londres. Un événement qui promet d'explorer les coulisses du renseignement britannique et ses zones d'ombre, offrant au public un aperçu fascinant des mystères de l'histoire contemporaine.
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